Les 9 impacts cachés des incivilités au travail
- inese90
- 22 sept.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 oct.
Introduction : pourquoi les incivilités au travail ne sont jamais anodines
Dans le monde professionnel, les incivilités au travail ne doivent jamais être considérées comme de simples désagréments passagers. Ce sont des micro-agressions subtiles mais répétées, qui, à long terme, fragilisent l’ambiance, sapent la confiance et érodent la productivité des équipes.📉
Les chercheurs en psychologie sociale et en sociologie des organisations, notamment Andersson & Pearson (1999), les définissent comme des comportements déviants de faible intensité, souvent ambigus, mais qui minent progressivement les relations professionnelles. Leur impact est rarement immédiat, mais il s’installe en profondeur, altérant la qualité du climat social de l’entreprise.
1. L’effet Domino : une réaction en chaîne destructrice
Une incivilité n’est jamais un acte isolé. Lorsqu’elle survient et n’est pas recadrée, elle déclenche une réaction en chaîne comparable à l’effet domino. En psychologie sociale, ce phénomène est expliqué par la contagion émotionnelle (Hatfield, Cacioppo & Rapson, 1994) : une émotion ou une attitude négative se propage dans un groupe comme un virus, influençant directement l’état d’esprit des témoins.

Résultat : un seul mot déplacé ou un geste irrespectueux peut se répercuter sur l’ensemble d’une équipe, jusqu’à altérer la qualité des interactions avec les clients et partenaires. Plus inquiétant encore, l’effet domino dépasse les frontières internes : il peut dégrader l’image globale de l’organisation.
2. La Maison Taguée : quand l’absence de cadre banalise les incivilités
La métaphore de la maison taguée illustre parfaitement la théorie des vitres brisées (Wilson & Kelling, 1982). Dans un quartier, lorsqu’une vitre brisée n’est pas réparée, elle envoie le signal implicite que l’incivilité est tolérée. Rapidement, d’autres actes dégradants apparaissent.

En entreprise, la logique est identique : lorsqu’une incivilité n’est pas corrigée, elle devient un précédent. Les collaborateurs en concluent que franchir les limites est possible sans conséquence.
Peu à peu, des comportements autrefois jugés exceptionnels deviennent banals, jusqu’à façonner une culture organisationnelle permissive où le respect recule au profit du laisser-aller.
3. La Contagion des Incivilités : un virus social en entreprise
Les incivilités fonctionnent comme un virus social. Selon la théorie de l’apprentissage social (Bandura, 1977), les individus imitent ce qu’ils observent, surtout lorsqu’ils perçoivent que certains comportements ne sont pas sanctionnés.
Ainsi, un collaborateur exposé à une incivilité peut, consciemment ou non, reproduire ce même comportement dans ses interactions avec d’autres collègues. Le phénomène de mimétisme contribue à dégrader progressivement le climat relationnel, à fragiliser la coopération et à installer une atmosphère de tension généralisée. À long terme, cette contagion ronge la cohésion des équipes et mine la confiance mutuelle, deux piliers essentiels de la performance collective.
4. Le Burnout Relationnel : l’épuisement émotionnel des équipes
Les incivilités au travail ne provoquent pas uniquement de la frustration ponctuelle : elles contribuent à l’épuisement émotionnel, ce que Maslach (1982) a défini comme une composante du burnout. Ici, il s’agit d’un burnout relationnel, lié à la gestion répétée d’interactions difficiles et usantes.
Chaque échange incivil consomme une part du « capital émotionnel » des collaborateurs. La patience, la disponibilité et la concentration diminuent à force d’être mises à l’épreuve. Cet épuisement relationnel entraîne une baisse d’engagement, une détérioration de la qualité de service et, au final, une démotivation progressive des équipes.
5. L’Anomie : le flou des règles comme facteur aggravant
Le sociologue Émile Durkheim a défini l’anomie comme une situation où les règles sociales deviennent floues ou inexistantes. Dans le monde du travail, l’anomie survient lorsqu’aucun cadre clair ne fixe ce qui est acceptable ou non.
Sans normes explicites, chaque collaborateur interprète les limites à sa manière. Certains testent volontairement les frontières, d’autres adoptent inconsciemment des comportements déviants, faute de repères. Ce vide normatif accentue l’incertitude, nourrit les tensions et fragilise le sentiment de sécurité psychologique au sein de l’équipe.
6. Le Principe de Pareto Inversé : une minorité accapare tout

La loi de Pareto indique que 20 % des causes produisent 80 % des effets.
Dans le cas des incivilités, ce principe s’inverse : une petite minorité de clients ou de collaborateurs incivils accapare une part disproportionnée du temps, de l’énergie et de l’attention des équipes.
Ce déséquilibre génère un profond sentiment d’injustice organisationnelle (Greenberg, 1987). Les collaborateurs respectueux ont l’impression d’être mis de côté au profit de la gestion des comportements difficiles. À terme, cela alimente frustration, inefficacité et perte de motivation, car l’organisation semble consacrer plus de ressources aux perturbateurs qu’aux collaborateurs exemplaires.
7. Le Seuil de Tolérance : la banalisation progressive
La psychologie comportementale a démontré que les comportements sont fortement influencés par les normes sociales perçues (Cialdini, Reno & Kallgren, 1990). Lorsqu’une incivilité est tolérée, elle redéfinit implicitement ce qui est jugé acceptable.
« La perception de ce que font les autres influence fortement ce que nous pensons être acceptable. Lorsqu’un comportement déviant n’est pas sanctionné, il crée une norme implicite qui légitime sa reproduction. »
— Cialdini, Reno & Kallgren (1990), A Focus Theory of Normative Conduct
Progressivement, le seuil de tolérance s’élève : ce qui était inacceptable hier devient perçu comme « normal » demain. Ce processus sournois modifie durablement la culture relationnelle d’une organisation et affaiblit sa capacité à maintenir des standards élevés de respect et de qualité.
8. Le Renforcement des Comportements : un cercle vicieux
La théorie du conditionnement opérant de Skinner (1953) explique que les comportements qui ne sont pas sanctionnés tendent à se renforcer. En entreprise, une incivilité ignorée devient donc un précédent : elle valide implicitement le comportement et encourage sa répétition.
Ce mécanisme installe un cercle vicieux. Plus les incivilités se multiplient sans réponse adéquate, plus elles s’ancrent comme un mode tacite de communication. À terme, ce cercle vicieux crée une culture interne où le respect devient une option, et non plus une valeur incontournable.
9. La Spirale du Conflit : une escalade difficile à contenir
Les incivilités accumulées alimentent une spirale de défiance et d’hostilité. La psychologie du conflit (Deutsch, 1973) montre que chaque acte hostile nourrit la méfiance et prépare une riposte. Peu à peu, les tensions se cristallisent, les positions se polarisent et la coopération s’effondre.

🌀Plus la spirale dure, plus il devient difficile de rétablir un climat de sérénité. La méfiance prend le dessus, et les incivilités, initialement anodines, se transforment en conflits ouverts, coûteux en énergie et en performance.
Prévenir les incivilités, un enjeu stratégique
Ces neuf dynamiques montrent que les impacts des incivilités dépassent de loin de simples désagréments ponctuels. Elles s’inscrivent dans des logiques psychologiques et sociologiques profondes qui affectent durablement la performance, la cohésion et la réputation de l’organisation.
Prévenir et traiter les incivilités n’est donc pas seulement une question de courtoisie, mais un enjeu stratégique de santé organisationnelle, de prévention du burnout relationnel et de performance collective.
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